Boîtes à clés : Nice et Cannes contre l’ubérisation de l’espace public

Boîtes à clés, c’est fini: les villes reprennent leurs droits

En 2023, les villes de Nice et Cannes ont pris des mesures fortes pour lutter contre les effets du tourisme de masse, en ciblant un symbole discret mais omniprésent : les boîtes à clés. Ces petits dispositifs métalliques, utilisés par les propriétaires de locations saisonnières pour faciliter l’accès des clients, ont été interdits dans l’espace public. Plus d’un an après la mise en place de ces mesures, les deux communes dressent un premier bilan.

Une réponse à l’explosion des locations saisonnières

Le tourisme de masse, porté par des plateformes comme Airbnb, a transformé le paysage urbain de nombreuses villes, dont Nice et Cannes. Les locations saisonnières se sont multipliées, parfois au détriment des résidents permanents. En 2024, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur comptait près de 145 000 annonces de logements saisonniers, dont plus de 11 000 à Nice et 8 000 à Cannes.

Face à cette situation, les municipalités ont décidé d’agir. En plus de réguler les locations touristiques, elles se sont attaquées aux boîtes à clés, jugées emblématiques de cette économie qui grignote l’espace public.

Des mesures strictes pour préserver l’espace public

À Nice, un arrêté municipal a interdit l’installation de ces boîtes dans l’espace public. Les agents de la ville apposent un autocollant sur les dispositifs repérés, donnant aux propriétaires un délai de 15 jours pour les retirer. Passé ce délai, les boîtes sont confisquées et transférées au service des objets trouvés.

À Cannes, le dispositif est similaire, mais les habitants peuvent également signaler les boîtes via une application mobile, « Cannes Civique ». Cette démarche participative renforce l’efficacité des contrôles.

Un premier bilan contrasté

Un peu plus d’un an après la mise en place de ces mesures, les résultats sont contrastés mais encourageants.

  • À Nice, 881 signalements ont été enregistrés, dont la moitié dans le centre-ville. Sur ce total, 361 n’ont pas pu être traités car les boîtes étaient situées sur des propriétés privées. En revanche, 341 dispositifs ont été retirés après expiration du délai de 15 jours.
  • À Cannes, 218 signalements ont été reçus, aboutissant au retrait de 36 boîtes.

Ces chiffres montrent que, malgré les efforts, le phénomène reste présent. Cependant, les municipalités considèrent ces actions comme une première étape vers une meilleure régulation du tourisme de masse.

Une stratégie plus large

La lutte contre les boîtes à clés s’inscrit dans une stratégie plus large visant à préserver le cadre de vie des habitants et à réguler le marché des locations saisonnières. En limitant l’installation de ces dispositifs, les villes cherchent à réduire les nuisances liées au tourisme et à réaffirmer la primauté de l’intérêt général sur les intérêts privés.

Perspectives

Nice et Cannes ne sont pas les seules à se mobiliser contre les dérives du tourisme de masse. D’autres villes, en France et à l’étranger, mettent en place des mesures similaires pour protéger leur patrimoine urbain et social.

La régulation des boîtes à clés, bien que symbolique, s’inscrit dans une démarche plus globale de rééquilibrage entre tourisme et vie locale. Elle rappelle que les villes sont avant tout des lieux de vie, et non des produits à vendre.

Avec ces actions, Nice et Cannes montrent la voie vers une gestion plus durable et équilibrée du tourisme, tout en préservant l’identité et le cadre de vie de leurs habitants.